FRONTIERES réalisé par Ali Esmili et Claire Cahen 

L’adaptation

Ce film est librement inspiré d’un monologue de théâtre écrit par Pauline Sales. L'idée de faire cette adaptation vient d'abord d'une envie très forte de faire un film autour de la thématique de la liberté de circulation des personnes, un droit fondamental qui est souvent bafoué. Le refus d'un visa, la suppression d'une carte de séjour, la reconduite à la frontière, et autres expulsions,  ont souvent des répercussions désastreuses sur une vie.

Le texte de Pauline Sales nous est apparu alors comme une évidence. Car au-delà de la petite histoire, du niveau d'injustice, et de la manière, poussés ici à son paroxysme, le processus reste le même.

En 2007, Pauline Sales revient d'un séjour en Israël et en territoires occupés palestiniens. Elle est à l’époque, auteure associée à la comédie de Valence et écrit pour Ali Esmili "un portrait", en partant de ses envies et de ses préoccupations d'acteur. Il travaillait alors sur l'histoire des migrations, et lui a parlé d'une complainte d'Ismaêl Aït Djaffer, "La complainte des mendiants arabes de la casbah et de la petite Yasmina tuée par son père". L'histoire d'un père, pendant la guerre d'Algérie, au comble de la misère, qui tue sa fille et que l'on arrête au moment où il veut se donner la mort. Un geste de désespoir, que le poète peint en martyr.

De tout cela est né le monologue de Pauline Sales. Depuis la création de notre collectif  d’acteurs, Les Trois Mulets, nous tournons autour de ces problématiques (exil, frontières, identité, métissage…) et notre désir profond de faire ce film n’a fait que croitre. Car, et c'est aussi l'évolution que connait ce projet, cette histoire en englobe une multitude d'autres. Le cinéma arrive pour nous comme un aboutissement naturel de ce que suggérait ce monologue au théâtre.

Note d’intention

A l’origine, un fait divers : le drame d’une mère face à un refus de visa. Son enfant malade qui doit se faire soigner en Europe, un premier refus, puis un autre, et la mort de l’enfant qui s’en suit. Tout un pays qui s’indigne face à l’injustice. Un drame quotidien qui serait banal sans cette fin tragique.

Cette réalité, nous la connaissons. Il suffit de se rendre dans un pays du Sud pour savoir que le sujet est omniprésent. Ou il suffit de tendre l’oreille. Des papiers administratifs, un rendez-vous, des guichets et des hommes, puis une décision, sans explications.

Avec ce court métrage nous sommes au cœur du sujet. Nous déplaçons juste l’angle d’attaque. Nous partons du fait divers pour en garder les figures. Du fait banal devenu tragique nous développons le processus, chaque étape, pour en faire une vision allégorique. Car si nous étions dans la tête de cette mère qui attend la réponse du consulat, ou dans celle de son enfant, nous serions dans un gouffre, que la réalité ne montre pas, n’en saisit pas la juste mesure et la violence subie.

Biographies des réalisateurs

Ali Esmili et Claire Cahen sont diplômés de l'École Nationale Supérieure de Théâtre à Lyon (ENSATT) et sont acteurs et metteurs en scène de théâtre. Ils tournent dans plusieurs longs métrages (H.Benjelloun, S.Bargach, M. Nadif, Kheiron, P. Sisbane, E. Bourdieu...) puis se lancent dans la réalisation. FRONTIERES est leur premier film, adapté d'un monologue de théâtre. YASMINA, leur deuxième court métrage, sélectionné à Clermont Ferrand continue son voyage en festivals. Le long-métrage est en cours d’écriture.